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Projet GAIAR

DES SYSTEMES AGROFORESTIERS
POUR VALORISER LES FRICHES DES HAUTS

Lancé en mars 2021 en partenariat avec ARMEFLHOR, le projet GAIAR vise à expérimenter des modes de gestion et de valorisation agroforestiers sur des terrains en friche, à l’interface des zones agricoles et naturelles.

Des réflexions communes entre l'Armeflhor et le Parc national de La Réunion ont fait naître le projet par­tenarial GAIAR : Gestion Agroécologique et Innovante des friches par l'Agroforesterie Réunionnaise. La recon­quête des friches et forêts dégradées apparaît en effet comme un enjeu territorial, étroitement lié aux enjeux de gestion des espèces exotiques envahissantes (EEE) .De plus, le suivi de systèmes de culture diversifiés et résilients sur ces zones permettra d'évaluer l'hypothèse de bénéfice réciproque entre développe­ment économique et protection de la biodiversité.

Le coeur du projet consiste à la mise en place d'un réseau de parcelles pilotes expérimentales à proximité du coeur de Parc national, couvrant une diversité de contextes différents : type de végétation, historique de la parcelle, accessibilité, conditions pédoclimatiques, type de projet et voies de valorisation des productions. Leur point commun est d'être toutes des parcelles agroforestières intégrant des especes indigènes et endémiques.

POURQUOI L'AGROFORESTERIE ?

L'agroforesterie recouvre l'ensemble des pratiques agricoles qui associent, sur une même parcelle, des arbres (individus isolés, haies, alignements, bosquets) à une culture agricole et/ou de l'élevage. Ces systèmes de culture peuvent procurer des services environnementaux qui sont mis en évidence par de nombreux travaux scientifiques : lutte contre l'érosion, amélioration de la qualité du sol, préservation de la ressource en eau...

La première étape de remise en valeur des friches consiste à éliminer les espèces exotiques du cortège des espèces présentes. Lorsque l'accès est carrossable et la friche dominée par des espèces exotiques, le défrichement peut être non selectif et mécanisé (tête de broyage fo­restier, godet squelette sur mini-pelle par exemple). Cette méthode a été expérimentée sur trois parcelles : à Sans-Souci (Saint-Paul), aux Makes (Saint-Louis) et à Grand-Coude (Saint-Joseph).

Les parcelles à l'accès difficile et présentant de fortes proportions d'espèces indigènes et endemiques requierent, en revanche, un défrichement sélectif non mecanisé (débroussailleuses, tronçonneuses, broyeur forestier à chenilles) afin de préserver la flore indigène et  endemique déjà présente sur la parcelle. Pour mettre en place ces opérations, le projet à mobilisé des fonds européens complemen­taires, Leader (Liaison entre action de developpement de l'economie rurale), grâce à l'appui du Gal Grand Sud.

Des prestataires professionnels réalisent actuellement les travaux de défrichement sélectif sur quatre parcelles du réseau GAIAR, dans le cadre d'un projet baptisé « Friches en ler, cultiv nout tèr ». L'objectif est d'estimer en conditions réelles les coûts associés aux opérations de défrichement, en fonction de l'état initial et de l'accessibilité des parcelles et du matériel utilisé. La synthèse de ces expérimentations sera publiée sous forme de référentiel technico-économique.

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Opération de broyage des rémanents de jamrose et goyavier sur la parcelle de Saint-Benoit (modèle Först TR6], après un défrichement sélectif manuel.

CACAO, MARAICHAGE : GROS PLAN SUR 2 PARCELLES AGROFORESTIERES DU PROJET GAIAR

// Géraldine Angebault (Armeflhor)

Dans les hauts de Saint-Benoît et de Saint-Paul, deux agriculteurs mènent des projets de valorisation de friches en bordure du Parc national.

UNE CACAOYERE SOUS COUVERT FORESTIER A SAINT-BENOIT

Edvin Payet est agriculteur depuis 30 ans. Ins­tallé sur les hauteurs de Saint-François, il cultive actuellement 30 ha de canne, 4 ha de palmistes et propose un hébergement agrotouristique. Il a fait l'acquisition en 2016 de 42 ha supplémen­taires, classés Nebc (espace boisé classé). Sur une parcelle experimentale de 2500 m2, à 550 m d'altitude, il a mis en place une cacaoyère sous couvert forestier.

« Le projet GAIAR a facilité les échanges administratifs pour concrétiser mon projet de culture du cacao dans le respect de l'environnement », témoigne-t-il.

UN VERGER-MARAICHER DANS LES HAUTS DE SAINT PAUL

Harry Legros s'est pour sa part installé comme maraicher en 2019, après avoir été encadrant technique dans le domaine de la réinsertion. Il devient également locataire en 2021 d'un ter­rain à Sans-Souci, qui a intégré le réseau des parcelles GAIAR.

« J'ai rejoint GAIAR afin d'être accompagné dans la mise en valeur de ma friche et d'échanger avec différents acteurs professionnels », dit-il.

Son projet consiste à associer des arbres à ses cultures maraichères, pour ce faire, il a suivi plusieurs étapes :

  • Etat des lieux initial de la parcelle en friche : espèces exotiques uni­quement (choca vert, galabert, avocat marron, fleur fête des mères, fougère aigle)
  • Défrichement non-selectif mécanisé
  • Co-conception du plan d'aménagement de la parcelle
  • Production végétale à l'Armeflhor et plantation
  • Suivi de la parcelle experimentale et évaluation de ses perfor­mances (économiques, sociales et environnementales)
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Aménagement parcelle AF GAIAR - Harry Legros - Sans Soucis

Espaces boisés classés : quelles valorisations autoriseées ?

Le travail de différents acteurs institutionnels IDEAL, Parc natio­nal, Département, ONF et SAFER! a permis la création d'une note de doctrine partenariale partageé sur les Espaces boisés clas­sés de La Réunion. Ce document synthetise le cadre règlemen­taire associé à ces zones, et définit la méthodologie permettant d'apprécier la compatibilité entre types de projets et zonage Ebc.

Ce document est disponible en version papier à l'Armeflhor, au Parc national et au siège de la DEAL, ainsi qu'au format numerique sur le lien suivant : https://daaf.reunion.ag riculture.gouv.fr/1MG/pdf/Plaquette_EBC-REUNION_VF_22-04_cle0ab5b9-3.pdf

Article provenant du Fertile 54 édité par l’Armeflhor.