Qu'est-ce qu'une "Station de biosécurité" ?
Souvent appelée « prévention », la biosécurité est l’ensemble des moyens pour prévenir et/ou réduire les risques biologiques, c’est-à-dire les risques liés aux organismes vivants. Une station de biosécurité permet de limiter ces risques, et plus spécifiquement le risque lié à la propagation d’espèces exotiques envahissante (EEE) végétales dans les milieux naturels.
En effet, les randonneurs, les traileurs, les personnes qui arpentent les sentiers, contribuent involontairement, sans le savoir, à la dissémination d’espèces exotiques. Ces espèces deviennent parfois, avec le temps, très envahissantes… Tout l’intérêt de ces stations est donc de réduire ce transport involontaire d’EEE via les semelles de chaussures. Et ainsi, de mieux préserver la nature réunionnaise pour les générations présentes et les générations futures…
Comment bien utiliser cette station ?
Comme chaque personne, vous pouvez, en passant sur la station de biosécurité, enlever de la terre logée sur vos semelles…, terre potentiellement contaminée par des espèces invasives. Ainsi, vous évitez que cette terre ne se retrouve dans des zones particulièrement bien préservées, zones situées après la station. Pour bien utiliser la station, il vous suffit de taper vos pieds sur les grilles, et pour les stations qui en sont équipées, de frotter vos chaussures sur les brosses.
Espèces invasives, exotiques, indigènes… On fait le point !
Une espèce invasive ou « espèce exotique envahissante » (EEE) est une espèce exotique qui, au contact du milieu naturel dans lequel elle est introduite, et par son mode de vie et de reproduction, menace directement les espèces indigènes et endémiques ou leur habitat.
Quelques autres définitions :
- Une espèce exotique a été introduite par l’Homme volontairement ou involontairement.
- Un milieu naturel est une zone en majorité constituée d’espèces indigènes et endémiques et où l’activité humaine n’a pas eu beaucoup d’influence.
- Une espèce indigène s’est implantée sur un territoire de manière naturelle, sans intervention humaine.
- Une espèce endémique n’existe à l’état naturel uniquement dans un territoire limité (exemples : La Réunion, l’archipel des Mascareignes, …)
- L’état de conservation d’un milieu indique principalement à quel point ce milieu a été perturbé par l’Homme, sa santé et sa capacité à se reproduire et à survivre dans le temps
A La Réunion, ces espèces exotiques envahissantes (EEE), dont certaines sont extrêmement envahissantes (par exemple, le longose, la vigne marrone, l’ajonc d’Europe, …), menacent donc nos milieux si remarquables et si importants à l’échelle de la planète.
Pourquoi une station de biosécurité à cet endroit-là ?
Le milieu situé après la station de biosécurité sur laquelle vous vous trouvez est actuellement en très bon état de conservation, d’où l’intérêt de placer une station ici pour le préserver. Il est bon de rappeler que l’île ne compte plus que 30 % des habitats naturels originels. La Réunion est aussi la 6ème île au monde qui recense le plus grand nombre d’extinctions d’espèces. Et aujourd’hui, la prolifération des EEE est la première cause de perte de biodiversité sur l’île…
La flore indigène de l’île est marquée par un taux d’endémisme élevé : 237 espèces végétales ne se rencontrent nulle part ailleurs dans le monde. Parmi ces 237 espèces, 82 sont menacées. La disparition de ces espèces de l’île entrainerait leur perte à l’échelle du globe… Nous ne pourrions plus jamais les retrouver, nulle part ailleurs.
Les acteurs du projet
Ce projet expérimental, piloté par le Parc national de La Réunion, vise à concevoir, installer et gérer 4 stations de biosécurité en zones prioritaires de conservation. Ces stations sont localisées au Maïdo (sentier Grand Bord et sentier de la Glacière), au Pas des Sables (sentier vers le Morne Langevin) ainsi qu’à Mare Longue, sur un massif vestige de la forêt tropicale humide de basse altitude.
Le projet est financé par la Fondation Groupe EDF, qui s'engage au service de l'intérêt général, avec une seule vocation : construire une société plus juste et plus humaine. La Fondation Groupe EDF soutient des actions notamment dans le domaine de l’environnement.
L’ONF La Réunion collabore également avec le Parc national de La Réunion, ainsi que de nombreux autres partenaires institutionnels, dont le Département de La Réunion, le Conservatoire Botanique national de Mascarin, Ile de la Réunion Tourisme, la Fédération Réunionnaise de Tourisme, le comité de randonnée pédestre de La Réunion, …
Et les acteurs de ce projet, c’est aussi et avant tout vous, randonneur, traileur, sportif de pleine nature, qui en utilisant ces stations contribuez à préserver notre patrimoine naturel exceptionnel.
Pour aller plus loin…
Vous pouvez aller plus loin dans l’application de mesures de biosécurité. Ceci est d’autant plus important si vous avez fait un voyage hors de l’île avant de venir…
Les actions possibles incluent :
- Je ne jette ni ne laisse aucun déchet alimentaire dans la nature, y compris les pelures, noyaux, graines.
Dans le milieu naturel, les graines peuvent facilement germer… Exemples : goyaviers, fruits de la passion, bibasses, longanis, … De plus, tout déchet biodégradable quel qu’il soit peut nourrir les rats ! Menace majeure pour les oiseaux endémiques, et risque sanitaire pour l’Homme.
- En plus du passage sur lastation de biosécurité, je nettoie mes chaussures (et si possible mes vêtements, mon sac à dos, mes bâtons de marche, …) avant de partir en randonnée, ou après chaque randonnée.
- Je suis vigilant lorsque je fais mes besoins en milieu naturel
Les déjections humaines contiennent des graines viables…, mais aussi des bactéries potentiellement nocives pour l’Homme et/ou l’environnement. Elles peuvent se disperser et s’installer dans le milieu.
Ainsi il est conseillé de :
- S’éloigner d’au moins 50 m des cours d’eau, des zones humides ou de ruissellement.
- Creuser un trou d’au moins 15 cm de profondeur à l’aide d’une pelle.
- Reboucher soigneusement pour limiter l’accès aux rats.
- Si je découvre ce qui me semble être une nouvelle espèce invasive, je fais un signalement via la plateforme du Groupe Espèces Invasives de La Réunion (GEIR)
Note : il est conseillé d’abord de vérifier à l’aide de l’application gratuite Android ou IOs « Plant net » que cette plante ne soit pas déjà répertoriée