La route se trouve ainsi séquencée par l'alternance brutale de langues minérales et de lanières végétales. Du rouge de la lave incandescente au brun-noir de la lave refroidie, du gris des fleurs de roche aux verts des végétaux pionniers et des forêts, les couleurs du paysage racontent la vie d'une nature soumise aux caprices du volcan. Sur le front de mer, les caps et falaises de basalte noir, mis en scène par les gerbes d'écume de la houle australe, laissent imaginer la violence des rencontres de l'eau et du feu. Par la lave en fusion rejoignant l'océan, le trait de côte se redessine indéfiniment, produisant un univers d'une beauté sauvage sans égal.
Mais l'activité féérique du volcan se conjugue également avec des moments dramatiques lorsque les fleuves rougeoyants de lave ensevelissent la route ou s’échappent du théâtre de feu – l'Enclos – pour s'épancher vers des zones habitées. La mémoire de la population locale reste empreinte de ces événements difficiles qui obligent à l'abandon dans l'urgence des biens. Fatalistes, attachés à leur terre de feu, les résidents acceptent le risque, au point de faire d'une terre de violence une terre d'harmonie. La Route des laves est ainsi hors de sa séquence centrale de nature absolue, une route ''jardin'' joliment bordée de cases créoles et de plantes ornementales.
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